Je ne suis pas spécialiste de la Chakchouka, un plat originaire d’Afrique du Nord, mais il me semble bien qu’il s’agit d’un de ces plats gourmands dont la recette se transmet de famille en famille, avec ses joyeux secrets et petites touches personnelles. Adaptable à l’envi et selon ce que l’on a dans son frigo, c’est un plat sans réelle contrainte, juste une trame avec laquelle on peut faire jouer sa créativité. L’idée de base, c’est de préparer un plat ravigotant de légumes colorés dans lequel à la fin, on viendra confiner des œufs pour le plus grand bonheur de nos papilles. Bref, la Chakchouka, c’est la joie.
Cet hiver, nous avons adoré faire des Chakchouka poireaux-côtes de bettes en nous inspirant d’une recette du génial Yotam Ottolenghi. En été, nous aimons casser les œufs dans les restes de l’énorme ratatouille qui a cuit et recuit au fil des repas. Les asperges du coin étant arrivées depuis peu sur les étals du marché, voici une proposition de Chakchouka aux asperges, idéale pour cuisiner autrement les jolies tiges vertes de saison, et changer un brin nos habitudes, ça aussi c’est de saison.
Pour réaliser ce plat, il vous faudra les ingrédients suivants, à compléter selon vos envies…
- 2 petits oignons taillés comme bon vous semble, 3 gousses d’ail écrasées
- une belle botte d’asperges (env. 1kg), tiers inférieur pelé et bout coupé. On pense à récupérer les bouts et les épluchures pour une panna cotta à faire avec les épluchures!
- 2 boîtes de tomates concassées (ou pelati à couper en morceaux)
- 200g de branches d’épinards frais (ou congelés, mais bien dégelés avant, sans quoi le liquide serait trop important)
- 4 oeufs ou plus, selon la taille de votre poêle et le nombre de convives à table
- sel, poivre, cumin arabe, zaatar si vous en avez
Pour commencer, on prend la plus grande poêle de son placard et on y fait fondre les oignons et l’ail dans un peu d’huile d’olive. Quand ils sont joliment dorés, on ajoute les tronçons d’asperges (env. 2-3 cm), en réservant les têtes de côté. Plus délicates, cela vaut la peine de les ajouter un peu plus tard, pour qu’elles gardent leur forme et leur énergie. On laisse donc ce joli monde s’apprivoiser quelques petites minutes, le temps de préparer les tomates qu’on viendra verser pour colorer notre joyeux mélange. Une délicate valse menée à la spatule, hop un peu de sel, de poivre, ce n’est jamais perdu… Il y a peut-être beaucoup de liquide, on peut en enlever un peu à la cuillère, tout au long de la recette. Moi j’aime mettre du cumin arabe (ou cumin oriental, ou kamoun), juste quelques pincées, je trouve que cela donne une jolie nuance au plat et apparemment, c’est bon pour la digestion…
Étape cruciale s’il en est, l’ajout des épinards demandera probablement l’utilisation de deux spatules: c’est que ces jolies feuilles sont vigousses et prennent pas mal de place… Mais avec l’effet de la chaleur, elle vont perdre de leur jeunesse et venir s’amouracher au reste des légumes. Après quelques minutes de cuisson, quand on estime que le contenu de la poêle a assez roucoulé, qu’on a fini le verre de blanc entamé pour préparer le repas, qu’on a sorti le pain du four… qu’on a enlevé encore un peu de liquide résiduel, vient le moment magique où l’on ajoute les ŒUFS, aaaah, miaaaaam!
Pour les œufs tant attendus donc, on prépare un nid douillet dans cette composition colorée: il s’agit de dégager un peu de place, à quelques endroits, jusqu’à voir le fond de la poêle. On y casse les coquilles, le blanc va venir se répandre autour du jaune et danser la samba avec le reste du plat. Confinés, mais pas trop: l’idée est que le blanc soit juste cuit, que le jaune soit fondant mais pas cru… Alors si l’on juge bon de couvrir un peu la préparation pour que le jaune se raffermisse un peu, c’est le moment de sortir son plus grand couvercle. Quelques minutes, pas plus. Avant de servir, un peu de fleur de sel, quelques tours de moulin à poivre, un soupçon de zaatar, et c’est prêt à être englouti, dégusté, avalé… Un verre de rouge à côté, du pain pour saucer… le bonheur semi-confiné.
La prochaine fois, peut-être qu’on ajoutera quelques dés de fêta tout à la fin… ou alors quelques zestes de citron pour le twist de la soirée. Autre idée à creuser, quelques pignons grillés? Bref… les possibilités sont multiples, infinies presque. Les gourmandes réjouissances sont décuplées et quand il n’y aura plus d’asperges au marché, on continuera avec d’autres idées pour faire nidifier nos petits œufs…
Et pour finir… difficile de faire manger des asperges aux enfants sans devoir répondre rapidement à une question dans la foulée… « Pourquoi est-ce que le pipi sent si fort? » Bah oui, ça, c’est juste, pourquoi? Comme j’ai cherché la réponse pour la transmettre aux enfants, là voici aussi ici: cette odeur dans l’urine est due à l’élimination par le corps du méthylmercaptan, un gaz incolore souffré. L’odeur arrive si rapidement après l’ingestion parce que l’asperge est très riche en eau et constitue un diurétique puissant… ce gaz passe donc rapidement dans les urines de notre corps. Bon, on repassera pour la vulgarisation scientifique, c’est moins mon rayon, à vrai dire.
Après cette joyeuse Chakchouka c’est la panna cotta aux épluchures d’asperges qui nous attend… Une sorte de deuxième effet kiss cool de la tige verte, la satisfaction de ne rien jeter en plus. La recette arrive très vite.
Louise
Coucou!
On adore aussi ici 😉 merci beaucoup pour l’idée d’y ajouter des asperges.
Des bisous
Virginie
Merci Virginie! 🙂 A tout soudain, bisous!
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